Yves Di Maria
PHOTOGRAPHIE

EXPERTISES / CONSEILS /VENTES AUX ENCHERES
Expert agréé par le Conseil des Ventes et le Crédit Municipal de Paris
Sur rendez-vous +33 (0)6 73 39 03 44 contact-mail@



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Paul MARSAN dit DORNAC (1858-1941)
Le poète Paul VERLAINE (1844-1896) au café François 1er à Paris, le 28 mai 1892
Épreuve d'époque sur papier albuminé montée sur support cartonné.
Poème autographe de Paul Verlaine sous l'image sur le montage :
" Je suis, sans hésitation,
Bien que n'étant courtisan
Néanmoins, or ! un partisan
De cette publication "
Paul Verlaine
Mention de la série imprimée en rouge sous l'image : " Nos contemporains chez eux - Reproduction interdite - Dornac & Cie, 10, rue Adam Mickiewicz, Paris ".
Mention à la mine de plomb au dos : " Paul Verlaine ".
Format image : 20,7 x 26,1 cm - Format montage : 33,8 x 43,8 cm.
Exemplaire personnel du photographe.

Vendue: 37 000 €
record mondial pour l'epreuve " Le Poète Paul Verlaine au café François 1er à Paris" de DORNAC

 

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Paul MARSAN dit DORNAC (1858-1941)
Le poète Stéphane MALLARMÉ (1842-1898) chez lui, le 22 avril 1893
Épreuve d'époque sur papier albuminé montée sur support cartonné.
Poème autographe de Stéphane Mallarmé sous l'image sur le montage :
" Voici, lieu des instants élus,
Que tu connais le photographe,
Il reproduit jusqu'à ton plus
Flottant songe et, moi, je paraphe. "


Mention de la série imprimée en rouge sous l'image : " Nos contemporains chez eux - Reproduction interdite - Dornac & Cie, 10, rue Adam Mickiewicz, Paris ".
Mention à la mine de plomb au dos : " Stéphane Mallarmé ".

Format image : 26 x 20,7 cm - Format montage : 43,8 x 33,8 cm.
Exemplaire personnel du photographe.

Vendue: 40 700 €
record mondial pour l'epreuve " Le Poète Stéphane Mallarmé chez lui" de DORNAC


Dornac: Unmasking a photographer of Parisian society - The New York Times


Paris Match 29 mai 2008


Le voile se lève enfin sur l'énigme DORNAC

La signature P. Cardon dit : Dornac apposée au bas d'un acte sous seing privé rédigé sur papier timbré en date de 1939 ne laisse aucun doute sur l'identité du " Maître Photographe, 34 rue Gassendi à Paris XIV° ".
Derrière le pseudonyme Paul MARSAN, dit DORNAC, se cache donc Paul CARDON. L'anagramme est trop beau.

CARDON = DORNAC

Fils de Claude Jacques Eugène CARDON et de Félicie Louise AROUSSOHN, Paul François Arnold CARDON naît à Paris le 6 janvier 1858. Il y décèdera le 10 janvier 1941, au 47 rue Saint-Jacques dans le XIV° arrondissement.
Après l'atelier de la rue des Saints Pères à la fin des années 1880, c'est dans le XIV° arrondissement qu'il exerce son art dans les années 1890, au 10 rue Adam Mickiewicz* puis au 34 rue Gassendi. Cette dernière adresse est encore utilisée en 1939 par Paul CARDON alors qu'il n'a plus d'activité photographique.

C'est une information au sujet de l'emplacement d'une concession familiale à perpétuité qui nous a permis de confirmer le véritable nom de Dornac. Des heures de promenade dans les allées de la division 74 du Père-Lachaise nous ont fait découvrir, sous les feuilles, trois tombes homonymes : Delon-Cardon, Gervais-Cardon et même Marsan. Mais c'est en fait sous une pierre tombale muette que repose Paul Cardon avec huit autres membres de sa famille. Le numéro de concession, encore lisible (C.A.P. 551 - 1874), permet une authentification sans faille, confirmée par les archives du Père-Lachaise et par le registre des décès de la Mairie du XIV° arrondissement.

Il devient désormais aisé de rechercher aux Archives de Paris toutes les informations sur ce personnage, sa famille, et de dénouer enfin le fil de l'histoire de son activité professionnelle au travers de documents administratifs.
Nous en laissons le soin à Marie Mallard, spécialiste du photographe.

Yves Di Maria


· De 1880 à 1897, cette rue porte le nom du poète romantique puis, le 10 juin 1897, la ville de Paris lui donne le nom du peintre Léopold Robert.



DORNAC et ses contemporains chez eux
par Marie Mallard Eymeri


Dans un marché où l'apparition d'ensembles de photographies de qualité devient rare, le caractère de cette vente constituée de la collection personnelle du photographe Paul Marsan, dit Dornac, fait figure de véritable événement.

Dornac et sa célèbre série Nos contemporains chez eux seront restés pendant près de 90 ans une énigme dans l'histoire de la photographie et cette vente aux enchères est l'occasion de mettre en lumière l'ampleur cette œuvre.

Comment un photographe éditeur renommé, qui n'a eu de cesse, entre 1887 et 1917 de photographier chez elles les personnalités les plus en vues de l'époque (Mallarmé, Huysmans, Loti, Eiffel, Clemenceau, Gounod, les frères Goncourt, Whistler, Renoir, Le douanier Rousseau, etc.) a-t-il pu rester dans l'ombre durant toutes ces années ? D'autant que ses épreuves étaient régulièrement diffusées dans la presse illustrée et que Dornac est connu comme l'auteur des portraits emblématiques de Verlaine au café François Ier ou Rodin dans son atelier.

Cette vente rassemble aujourd'hui le plus grand nombre de photographies jamais présentées de l'artiste, et elle offre pour la première fois aux amateurs ou collectionneurs une occasion exceptionnelle d'en acquérir une photographie.

Ces 182 lots de photographies proviennent du fonds personnel de l'artiste et un certain nombre d'entre elles sont uniques. Uniques de par leur grand format, qui diffère du format habituellement diffusé des cartes albums (12,5 x 17,5 cm). Mais surtout uniques de par les autographes inédits ou les envois adressés à l'artiste qui les accompagnent, et qui nous permettent de découvrir, au gré de l'inspiration des modèles, leur perception de ce nouveau mode de portraits inauguré par Dornac.

Les portraits s'animent au gré des autographes, Paul Verlaine s'y proclame " sans hésitation (...) partisan de cette publication " ; Jean Paul Laurens salue " la sensibilité et l'œil d'artiste de Dornac sans lesquels l'objectif ne serait rien " ; Alphonse Daudet discourt " sur les impressions initiales de la vie " qui selon lui nous frappent plus que les autres tandis qu'Henri Bergson s'interroge sur la possibilité de réaliser un portrait qui nous ressemblerait tout à fait alors que tout est mobile, notre physionomie comme notre âme…

En regardant la série Nos contemporains chez eux, l'amateur de photographie constatera une vraie révolution du genre. Celle de la photographie de célébrités représentées sur leur lieu de vie : salon, bibliothèque, cabinet de travail ou atelier. Cette pratique modifie ainsi profondément la nature même du portrait puisque les intérieurs représentés, bien plus que de simples arrières plan, deviennent autant l'objet de la photographie que le modèle lui même.

L'amoureux de littérature ou de peinture du XIXe siècle se laissera gagner par l'enthousiasme, découvrant pour la première fois ses artistes préférés entourés de leurs objets fétiches qui deviendront pour lui autant de témoignages sur ses goûts, ses références ou ses amitiés.

Le grand photographe de personnalités rendra hommage à un de ses précurseurs, Dornac, qui avec son œil de photographe et sa sensibilité a su nous communiquer une dimension particulière et inattendue de ses sujets.

Le journaliste y saluera le précurseur de la presse people. Tiens, Emile Zola habite rue de Bruxelles ? et Stéphane Mallarmé rue de Rome ? À quoi ressemble la bibliothèque de Gustave Eiffel, et le salon de Sarah Bernhardt ?

Le passionné d'arts décoratifs se plongera avec volupté dans ces photographies d'intérieurs dont Dornac a su nous transmettre l'atmosphère si particulière. Et il ne se lassera pas d'observer dans leurs moindres détails ces accumulations d'œuvres d'art, de meubles, de bibelots, de lourdes étoffes, comme autant de témoignages des goûts décoratifs d'une époque.

Ces multiples dimensions artistiques que recouvrent les photographies de Dornac illustrent bien l'intérêt de son œuvre et la modernité de sa démarche à travers Nos contemporains chez eux.

En rompant avec les séances de poses traditionnelles dans le studio du photographe pour pénétrer dans l'espace intime de ses sujets, Dornac est un précurseur du genre. Et il nous montre ainsi qu'il sait exploiter toutes les nouvelles possibilités techniques offertes alors par la photographie.

L'acte photographique de Dornac s'inscrit dans la continuité du vécu ordinaire de son modèle et nous en révèle les secrets. Stéphane Mallarmé pose alternativement à côté de son portrait par Manet puis d'une photographie de Baudelaire. Octave Mirbeau est accoudé à sa cheminée sur laquelle est disposé le Cheval de mine de Constantin Meunier. Le peintre Gustave Geffroy pose près de l'Ève de Rodin. Sarah Bernhardt et Auguste Bartholdi sont représentés près de leurs propres bustes et Joris Karl Huysmans prend la pose sous de lourds crucifix accrochés au mur et chargés de buis.

À travers sa série de portraits, Dornac nous livre un témoignage exceptionnel et inédit de ses contemporains, dont il n'a eu de cesse de capter l'âme au travers de leur espace intime, comme le ferait un botaniste d'une fleur dans un herbier ou un entomologiste d'un papillon.

Ces photographies sont source d'un émerveillement sans fin. Plongez-vous dans les intérieurs qu'elles nous offrent, laissez-vous happer par les mille détails dont elles regorgent, par les lumières, les clins d'œil de l'artiste, les jeux de correspondance entre le sujet et son univers. Et vous serez transporté par la magie de ces intérieurs dont Dornac a su nous ouvrir les portes avec tant de talent.


Marie Mallard Eymeri, spécialiste de Dornac, prépare actuellement une publication sur ce photographe.


" Nos contemporains chez eux "
Notes sur une collection personnelle

En accord avec le mode de diffusion originel de la série Nos contemporains chez eux, c'est l'ordre alphabétique des personnalités représentées qui a été retenu pour définir l'enchaînement des lots qui composent ce catalogue. La datation exacte des épreuves - au jour près - a été rendue possible par l'existence de listes manuscrites établies en 1916-17 par Dornac lui-même et qui associent à chaque nom la date de prise de vue. L'exactitude de ces informations ne fait aucun doute lorsqu'on les compare aux dates des envois autographes ou à celles du dépôt légal (BNF).

Cette collection unique est composée pour l'essentiel d'épreuves sur papier albuminé ou sur papier citrate, montées, pour la moitié d'entre-elles, sur des supports cartonnés de grand format (34 x 44 cm). Les montages ou le dos des épreuves comportent diverses mentions, imprimées, tamponnées ou manuscrites (pour ces dernières, seules les inscriptions anciennes, de la main de Dornac, ont été relevées). Les portraits réalisés entre 1888 et 1899 ont majoritairement donné lieu à des épreuves sur papier albuminé de grand format - 20 x 25 cm en moyenne - montées sur support cartonné. En revanche, ceux réalisés entre 1903 et 1910 sont presque exclusivement des épreuves sur papier citrate de moyen format - environ 12 x 17 cm. Certaines de ces épreuves (principalement des citrates non montés) ont été tirées par Dornac au moment où il mit un point final à sa série (vers 1917). Quelques tirages, datés de 1916, 1919 et 1922, témoignent de son désir de se constituer une collection personnelle exhaustive de Nos contemporains chez eux.

Différents types de signatures et de crédits peuvent être identifiés. Certaines épreuves arborent, dans un angle, un élégant timbre sec circulaire " DORNAC - 34 rue Gassendi - Rep. Interd. ". Un autre timbre sec, reprenant le titre de la série, a parfois été apposé sur certains montages. D'autre part, si nombre d'entre eux sont muets, certains portent, imprimé en rouge sous la photographie, la mention " Nos contemporains chez eux - Reproduction interdite - Dornac & Cie, 10, rue Adam Mickiewicz, Paris ", identique à celle que l'on trouve sur les cartes-albums diffusées à l'époque (seule l'adresse change). Au dos des montages, outre le nom des modèles, on trouve parfois la signature manuscrite du photographe, son cachet " Nos contemporains chez eux - 34, rue Gassendi (XIVe Arrond.) ", ou sa signature-cachet (combinant les deux).

Enfin, divers indices nous permettent de comprendre comment Dornac procéda pour faire dédicacer ces épreuves qu'il destinait à sa collection personnelle. Lors de la séance de prise de vue - ou quelques jours après - le photographe laissait à son modèle un montage vierge sur lequel il avait tracé à la mine de plomb des lignes pour la dédicace ainsi qu'un rectangle délimitant sommairement les contours de la photographie. Une fois l'envoi rédigé, Dornac pouvait ainsi placer sur le montage l'épreuve fraîchement développée. Cette curieuse démarche permet notamment de comprendre pourquoi aucun des modèles ne commente jamais précisément son propre portrait dans les nombreux et exceptionnels envois de cette collection.


" Merci pour cette image, logis d'un jour, lumière disparue ". Gustave Geffroy, août 1899.

Fannie Bourgeois
Julien Faure-Conorton


Yves Di Maria
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